jeudi 31 janvier 2013

Littérature irlandaise: Bobby Doyle

Henry Smart commence très fort. A peine âgé de cinq ans, haut comme trois pommes, il lance un virulent "Va te faire foutre" à l'arrivée du cortège royal à Dublin. C'était la visite du roi Edouard VII, quelques années avant la révolte de Pâques 1916, qui sonna le glas de la présence britannique en Irlande. "Pourquoi avais-je clamé au roi de la Grande Bretagne et d'Irlande d'aller se faire foutre? Etais-je [....] un membre du Sinn Féin? Point du tout. Je ne savais même pas que j'étais irlandais. J'avais vu le cortège depuis mon perchoir, sur le réverbère, avec ce gros bonhomme au centre. J'avais vu la richesse et la couleur, le visage rougeaud et luisant, la moustache et la barbe mieux que ne l'étaient les chevaux eux-mêmes. J'avais su qu'il n'était pas de Dublin.J'ignorais qu'il s'agissait du roi et que la poule assise à ses côtés était la reine[....] J'étais en colère. Sa place n'était pas ici. Je regardai sa voiture et je songeai à la carriole qui nous avait conduits de maison en maison, puis de maison en sous-sol."
       Ainsi débute la carrière de nationaliste d'Henry Smart. Mais il ne s'agit pas pour Roddy Doyle de chanter les louanges du patriotisme irlandais. "Je n'ai pas essayé d'écrire la biographie de ma patrie", avait-il déclaré au quotidien britannique.

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